Rue Taranne
7/31/2004
  Bonbec Raus

Notre Père A Tous et son Merveilleux Gouvernement ne sont, on le sait, jamais en retard d'une "grande cause" qui leur permette de fourrer leur nez dans la vie des gens, et de se mêler de ce qui ne les regarde pas. Nous trouvons ainsi dans le numéro d'aujourd'hui de l'Organe Officiel de Propagande Chiraquo-Raffarienne - anciennement connu sous le nom de Figaro - un ébouriffant article de Mme Martine Perez qui chante avec l'approbation et l'enthousiaste de rigueur les louanges du projet dousteblazesque de créer une police des assiettes. Vous croyez que j'exagère? A peine. Il faut dire que le fléau qui sert d'excuse à cette nouvelle manoeuvre de normalisation, j'ai nommé l'obésite, est l'un des plus préoccupants de notre époque. Nous sommes tous concernés, en particulier les enfants, et donc:

On ne peut que se féliciter de la décision des parlementaires d'interdire les distributeurs de confiseries dans les écoles et de limiter la publicité audiovisuelle pour les produits sucrés. Ces mesures simples ont finalement été prises, sous l'impulsion de Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé, au terme d'une incroyable bagarre parlementaire menée par le biais de multiples amendements.

Etonnant pays où des mesures aberrantes et nuisibles passent comme des lettres à la poste, mais où les Mars, Milky Ways, Mr. Freeze et autres Carambars sont des sujets assez sensibles pour susciter des "bagarres parlementaires" rythmées par de "multiples amendements". Il faut croire que pas mal de monde dans l'hémicycle garde un souvenir ému des barres chocolatées grignotées entre deux cours, et ne souhaite pas voir l'Etat censurer les publicités pour ces produits comme il l'a déjà fait pour le tabac et l'alcool. Malheureux incapables de percevoir, comme Notre Révéré Ministre et sa porte-parole, le caractère authentiquement tragique de la situation:

Il est cependant tragique d'avoir à se congratuler de la mise en oeuvre de mesures qui relèvent du simple bon sens. Alors que, à l'inverse, on aurait dû s'indigner de la distribution en milieu scolaire, en catimini depuis des années, de tant de sucreries pour nos enfants.
Comment l'école, lieu de l'apprentissage par excellence, s'est-elle laissée envahir par des machines à distribuer les barres chocolatées crémeuses, vitaminées, sucrées, enrobées, caramélisées et nougatinées ? Pourquoi a-t-elle mis en place ces distributeurs sans débat, alors que les médecins scolaires planifient chaque année des campagnes de lutte contre le tabagisme, le sida, les maladies sexuellement transmissibles et aussi l'obésité ?


Ben oui ça, comment l'école-républicaine-laïque-et-obligatoire, chargée par la Nation du dressage de l'éducation de nos enfants dans le respect des bonnes moeurs et des règles nécessaires à une vie saine, a-t'elle pu laisser ces immondes sucreries concurrencer, puis se substituer, aux délicieux steaks anémiques et aux savoureux légumes bouillis à la vapeur , si parfaitement diététiques, à ces desserts certes frugaux mais équilibrés - yaourts aux courants d'air, crèmes aux atomes de chocolat - qui faisaient la grandeur de nos cantines? Ce serait un coup de l'industrie agro-alimentaire que ça ne nous étonnerait pas, tiens! Et, en effet:

La réalité est que, sous la pression d'une offre croissante de l'industrie agroalimentaire, l'aberration en matière d'alimentation est devenue la norme. Du petit-déjeuner au dîner, en passant par la collation matinale et le goûter, le sucre s'est, en deux décennies à peine, imposé partout.

Ah, quel salaud, ce sucre! Avec l'aide de ses machiavéliques alliés de l'industrie, il s'impose partout, au nez et à la barbe des consommateurs manipulés - car ils sont manipulés, bien entendu:

L'imagination des concepteurs de friandises n'a pas de limites pour créer une sorte d'appétence permanente pour les produits gras et sucrés.

Ben oui, l'obésité, c'est comme le tabagisme ou l'alcoolisme: les malades n'y sont pour rien, c'est tout la faute des méchants industriels et des publicitaires cyniques qui les poussent au crime. La prison que ça mérite, une telle engeance!

Ce qui, associé à la diminution de l'exercice physique, a des conséquences graves.

En effet. Une loi s'impose pour redresser la situation, avec création d'un "temps exercice" obligatoire d'une heure par jour, avec sanction financière lourde pour les contrevenants. On ne plaisante pas avec la santé publique! D'autant que, venu d'Outre-Atlantique, le Fléau est à nos portes:

L'obésité en France, et chez les enfants notamment, progresse : 30% de personnes en surpoids aujourd'hui, contre 20% en 1990. Nous sommes encore loin de ces 64% des Américains trop gros, chez qui l'obésité est bientôt le premier facteur responsable de mortalité.

J'entends déjà certains prétendre que surpoids n'est pas obésité, et que les chercheurs ne sont pas unanimes sur la définition de ces termes, mais ce sont les mêmes qui, subsidiés du Grand Capital, affirment que les Organismes Génétiquement Modifiés ne présentent aucun danger pour notre santé! Face à cette tentative odieuse de sacrifier notre bien-être à une basse logique de profit, il importe plus que jamais de rester vigilant, solidaire, citoyen!

Contrairement à la France, le gouvernement américain s'est toujours refusé à réglementer la publicité pour les consommations alimentaires. Il s'est même opposé, pour des raisons de commerce, au plan de lutte contre le surpoids engagé en 2004 par l'Organisation mondiale de la santé. Les experts en nutrition américains affirment pourtant que l'obésité est le résultat de «signaux culturels et commerciaux forts».


Ca veut dire quoi, des "signaux culturels et commerciaux forts"? J'en sais rien, mais ce doit être grave, très grave. Et, comme d'habitude, Bush et sa clique d'ultra-libéraux-néo-conservateurs-un-peu-fachos-sur-les-bords préfère servir la soupe à ses amis de la finance, sacrifiant l'intérêt général aux intérêts privés, contrairement à notre Génial Gouvernement qui, lui, n'a jamais peur de rogner sur les libertés individuelles quand le bien public est concerné - et même quand il ne l'est pas, d'ailleurs. Il y a des jours comme ça, ou je me sens fier d'être français.

La bagarre entre les industriels et les médecins de santé publique a incité les hommes politiques français à s'engager. Sans ces débats salutaires, les populations, et notamment les plus jeunes, restent soumises aux plans marketing concoctés pour appâter le consommateur. Il en va de la santé de chacun, mais aussi des comptes de la collectivité, ceux de l'assurance-maladie, et aussi, disons-le, d'un certain mode de vie.

Eh oui, heureusement que l'Etat, sans qui rien ne serait, est là pour apporter son aide et sa connaissance du Bien, du Beau et du Vrai aux pauvres crétins de consommateurs, trop manipulés pour décider de ce qu'ils mangent en toute connaissance de cause. Heureusement que nos GO (Gentils Oligarques) sont là pour leur enlever les barres chocolatées de la bouche, et les ramener vers une cuisine plus saine. Que peuvent bien représenter la liberté et la responsabilité individuelles face aux comptes de la collectivité, de l'assurance-maladie et, surtout, de ce mode de vie qui fait l'admiration du monde entier? Hein?

Mais cette bataille gagnée n'est qu'une partie de la lutte pour une alimentation saine. Si l'éducation des enfants est un enjeu primordial, il reste bien d'autres fronts sur lesquels mener la guerre contre l'obésité.

En effet, ce n'est qu'un début. Taxons les bonbons et interdisons la consommation des barres Mars dans les lieux publics. Alors, peut-être, pourrons-nous espérer vaincre ce fléau.

A noter que Mme Perez, tout à son indignation, ne se demande jamais comment les gosses trouvent l'argent qui leur permet d'acheter les friandises... Mais chut, sujet tabou. Les fautifs, c'est l'industrie agro-alimentaire.




 
7/26/2004
  Enfin une bonne nouvelle 
 
Raffarin décidé à poursuivre sa tâche à Matignon

Les mots sont impuissants à décrire le bonheur qui est le mien à cette annonce. Faisant fi des prédictions bancales et des exhortations des médiocres prêts à sacrifier l'Intérêt National (TM) sur l'autel de leurs ambitions personnelles, notre Glorieux Premier Ministre nous donne une nouvelle leçon de courage politique. Et dire que certains l'affublent de bas surnoms tels que "Raferarien" ou "Troisfoisrien"! Ah, les insolents!

PARIS (Reuters) - Jean-Pierre Raffarin compte bien être celui qui engagera en septembre "une nouvelle phase de l'action gouvernementale".

J'entends déjà les langues de vipère susurrer que pour inaugurer une nouvelle phase, encore faudrait-il qu'il y en ait eu de précédentes, et que l'action gouvernementale a plutôt relevé de l'inaction jusqu'ici. Je ne veux même pas perdre mon temps à polémiquer avec ces êtres, dont la bassesse n'a d'égale que la mauvaise foi. Car, contrairement aux ragots véhiculés par des libéraux rongés par la jalousie, ce gouvernement réforme bel et bien - mais dans la discrétion. Il aurait été facile, et électoralement payant, de multiplier les effets de manche et les déclarations tonitruantes, mais Notre Glorieux Premier Ministre est au-delà de ce genre de manoeuvres, et c'est pour cela qu'il leur préfère une action plus souterraine. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner qu'une grande majorité des Français ne se rendent compte de rien. D'ailleurs, la plupart des membres du gouvernement ne se rendent compte de rien non plus. C'est cela, le génie politique.

Le Premier ministre a saisi mardi l'occasion du débat de censure provoqué par l'opposition de gauche à l'Assemblée nationale pour riposter aux rumeurs sur son départ de Matignon à l'automne.
"Je vais décevoir les adeptes des attaques personnelles mais je compte bien engager dès le mois de septembre, pour la session 2004-2005, avec ma majorité unie et déterminée, une nouvelle phase de l'action gouvernementale", a-t-il dit.
Il a rappelé à "ceux qui parlent parfois avec médiocrité de caprice ou de testament" cette phrase d'un mal-aimé de la politique française, le radical-socialiste Pierre Mendès-France: "C'est en tenant les engagements pris que le régime démontre sa vigueur, sa capacité de réalisation, sa santé".


Je vous demande une seconde, le temps pour moi d'essuyer les larmes que tant de grandeur font ruisseller sur mes joues glabres. Il faut remonter à Maurice Couve de Murville pour trouver un homme politique qui sache si bien parler au coeur de ses administrés. Et c'est pourquoi je ne peux que difficilement contenir ma rage à l'idée des plumitifs qui, en quête de bons mots, ironiseront sur le caractère prémonitoire de la référence à l'un des plus grands losers de l'après-guerre, ou insinueront plus subtilement que, si l'on prend la citation à la lettre, le régîme actuel n'est pas d'une vigueur ni d'une santé éblouissante... Comment peut-on être aussi cruel? Parfois j'ai honte d'appartenir à cette race humaine qui engendre de tels individus.

"Désolé" par la motion de censure déposée par les socialistes après le recours au 49-3 dans le débat sur la décentralisation, Jean-Pierre Raffarin s'est dit "fier d'être à la tête d'un gouvernement d'action, et d'une majorité, qui a rétabli l'autorité de l'Etat, avec la loi sur la sécurité, avec la loi sur la justice, avec la loi de programmation militaire".
"Déjà la croissance revient et apporte son lot de bonnes nouvelles. Déjà les instituts internationaux (...) saluent l'oeuvre de redressement national", a-t-il souligné.


Misérables socialistes qui ont obligé Notre Glorieux Premier Ministre à avoir recours au 49-3... Que Dieu les pardonne, moi j'en suis incapable. Mais je suis fier, moi aussi, de ce gouvernement d'action, et ne puis répondre que par un bras d'honneur aux rabat-joie qui prétendent que l'autorité de l'Etat ne s'est rétablie qu'à l'encontre des fumeurs et des prostituées, que la loi sur la sécurité n'a pas freiné les agressions antisémites, que la loi sur la justice est une insulte à la justice, ou que la loi sur la programmation militaire aligne notre armée sur celle de Monaco. Mensonges! Mensonges! Mensonges! Et oui, la croissance revient, qui ramènera le plein emploi, malgré les dénégations bornées d'économistes prétendûment libéraux qui affirment gratuitement que le taux d'imposition et les charges patronales trop élevées, sans parler des trente-cinq heures, continueront de nourrir le soi-disant "déclin" de la France. Billevesées que tout cela! Heureusement, Notre Glorieux Premier Ministre, sourd à toutes ces Cassandre, ne se laisse pas freiner dans sa politique qui refuse le sacrifice de la solidarité nationale à la jungle du profit. Grâces lui en soient rendues!

Jean-Pierre Raffarin a précisé les deux axes de sa politique à la rentrée: "la croissance partagée et la préparation de l'avenir".
Adossé au retour de la croissance - 2,3% en 2004, contre 1,7 prévu initialement - le Premier ministre a assuré préparer pour 2005 "un budget tout entier tourné vers les Français".
Il a réaffirmé sa volonté de réduire le déficit de plusieurs milliards d'euros "en maîtrisant les dépenses" publiques, promis de prendre "les mesures budgétaires et législatives nécessaires pour rendre du pouvoir d'achat aux Français", assuré que "tout sera fait, d'abord, pour l'emploi".
Jean-Pierre Raffarin a notamment annoncé que "la lutte contre les délocalisations" sera une des priorités du budget de l'année prochaine.
Il a cité les "quatre grands défis d'avenir" qui attendent la France: "la recherche, l'éducation, les services publics et l'Europe".


Et qui peut mieux les relever, ces défis, que ce grand homme qu'est Notre Glorieux Premier Ministre, dont la profondeur d'esprit, le courage politique, la vision fulgurante s'affirment chaque jour davantage?
Qui, mieux que Lui, saura maîtriser les dépenses , tout en préservant ces services publics et ces monopoles d'Etat qui font la richesse et l'honneur de la France, n'en déplaise aux ultra-libéraux avides d'y substituer la loi du marché et du profit?
Qui, si ce n'est Lui, saura rendre aux Français leur pouvoir d'achat, et garantir à chacun l' emploi à vie qui est un droit de l'Homme?
Personne d'autre que Notre Glorieux Premier Ministre n'est en mesure de rendre à la France la place prépondérante qui est lui revient parmi le concert des nations. Il est temps pour nous de renoncer aux querelles mesquines et de nous rallier à son panache blanc, de faire bloc derrière sa silhouette marmoréenne pour dire oui à une France nouvelle, solidaire, citoyenne.
Mais qui sont ces hommes en blouses blanches???

...

L'Internet, comme chacun le sait, n'est pas sûr et en dépit de toutes les précautions prises pour assurer ce blog contre des attaques de ce genre, un individu visiblement perturbé a réussi à le pirater et à y poster cet article proprement délirant. Il a heureusement pu être maîtrisé sans violence et a été conduit à l'hôpital Sainte-Anne où il a été immédiatement placé en observation. Cet homme, que la loi m'oblige à nommer par ses seules initiales (JPR) projettait apparemment d'autres attaques, notamment contre le blog de Zek où il comptait poster un article en faveur du mariage gay. Nous ne pouvons qu'espérer que la médecine puisse venir en aide à ce malheureux, et que Blogger remédie dans les plus brefs délais à la faille qui lui a permis de commettre ces actes inqualifiables. Je tiens, en attendant, à présenter à mes fidèles lecteurs mes plus plates excuses pour cet incident parfaitement indépendant de ma volonté. - Taranne

 
 

Pourquoi bloguer?

Le découragement se répand comme une trainée de poudre dans la blogosphère libérale francophone. Des sites parmi les plus influents mettent la clé sous la porte, "suspendent temporairement leurs activités" ou assurent le service minimum (notion libérale s'il en est) sans grande conviction. D'autres ronronnent, digressent ou trouvent un exutoire dans le sarcasme et l'offensive tous azimuts. J'ai moi-même sérieusement ralenti la cadence depuis quelques mois, au point de me faire rappeller à l'ordre par certains de mes lecteurs en des termes pour le moins... fleuris.

Je vous rassure (ou je vous déçois, selon le point de vue) tout de suite: je n'ai pas l'intention de condamner la Rue Taranne et si le rideau doit tomber un jour, ce ne sera pas moi qui l'aurais tiré. Néanmoins, il m'arrive comme à tout le monde d'avoir le cafard et de m'interroger sur l'utilité de l'entreprise et, au delà, sur l'avenir du libéralisme dans ce pays. Avenir qui, pour ne pas être irrémédiablement compromis, ne me semble pas pour autant des plus radieux.

Force est en effet de constater que le libéralisme, même coupé de social-démocratie à la mode blairienne, ne fait pas recette en France. La faute en revient largement à des médias que je qualifierais charitablement d'orientés, qui ignorent le point de vue libéral si ce n'est pour le caricaturer sur l'air du capitalisme sauvage, qui rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Ils sont efficacement secondés par un corps enseignant extrêmement "motivé" qui nourrit dès l'enfance les chères têtes blondes au lait de la "solidarité" et des valeurs "citoyennes". Le tout sous la houlette d'une classe politique unanime ou presque, hantée par le complexe de gauche et terrifiée à l'idée de ne plus pouvoir se mêler de ce qui, théoriquement, ne devrait pas la regarder.

Il y a également le problème de la renaissance d'une gauche radicale, qui nous promet des lendemains fort peu souriants. Comme toutes les parenthèses enchantées, la vague "libérophile" des années quatre-vingts, dont la chute du Mur fut le point d'orgue, fut très brève et s'abîma sur une régression de grande ampleur. Les grèves de 1995, l'essor du mouvement altermondialiste, la renaissance d'un antiaméricanisme virulent auquel un nouveau président allait fournir à son corps plus ou moins défendant un combustible rêvé furent autant de signes annonciateurs: la Gauche éternelle, loin d'avoir péri écrasée sous les tanks pékinois et les briques du Mur comme on le prétendait, s'était seulement accordé un petit répit, le temps de changer ses munitions et de s'offrir un petit lifting, histoire de séduire les jeunes générations en mal d'idéal révolutionnaire. Et c'est ainsi que le Parti Communiste redevient fréquentable, que Pif-Gadget fait un retour fracassant dans les kiosques, que José Bové et Michael Moore deviennent des icônes, que les journaux relaient des appels à la clémence, voire au pardon, à l'égard des fossiles des années de plomb. L'antilégalisme, plus ou moins violent, est rebaptisé "désobéissance civile",  l'insulte et la volonté de purge se substituent à un débat démocratique pourtant acquis de haute lutte, et Marx est de nouveau une référence. Les années 2000, du moins pour l'instant, ressemblent à un mauvais remake des années 70 - période peu propice à un essor du libéralisme.

On peut alors légitimement se demander quelle arme peut bien représenter un blog atteignant péniblement les 100 hits dans les bons jours contre une muraille que seules les trompettes bibliques pourraient espérer ébranler. Il est certes gratifiant d'être lu (et parfois approuvé) mais il n'en reste pas moins que la prochaine révolution libérale ne viendra pas de la Rue Taranne. Alors pourquoi continuer? Pourquoi s'investir dans un combat qui, pour n'être pas forcément perdu d'avance, est loin d'être gagné? Eh bien, ma foi, parce que même si je ne change pas les choses, il ne sera pas dit que je les aurais cautionnées par mon silence, et que je cultivais tranquillement mon petit jardin tandis que le monde s'effondrait autour de moi. Je me serais battu, même si ce n'est qu'avec l'encre virtuelle d'un clavier d'ordinateur. C'est peut-être bien à cela que sert un blog, finalement. A ne pas entrer bien gentiment dans la nuit.

 
7/16/2004
  Heureux les simples et les pauvres en esprit...

J'adore ce gouvernement. Jour après jour, mois après mois, année après année, il ne cesse de repousser les limites de ce que Sartre (un spécialiste) considérait comme la meilleure image qui soit de l'Infini. La prolixité de Notre Père A Tous et de ses GM (Gentils Ministres) est telle qu'il est souvent impossible, ou à tout le moins difficile, pour un modeste chroniqueur tel que votre serviteur d'en tenir un compte précis. Leur dernière trouvaille, cependant, touche au chef-d'oeuvre, ce qui justifie que je lui consacre un billet tout entier.
Tous les experts tant soit peu sérieux - c'est-à-dire ceux que l'on ne voit ni n'entend jamais dans les médias, et que l'on s'abstient soigneusement d'inviter au FSE - le disent et le répètent depuis une bonne décennie: l'un des prérequis pour l'inversion du déclin français est la diminution drastique du nombre de fonctionnaires. Le Gouvernement, dans son infinie sagesse, les a entendus et va donc s'appliquer à diminuer le nombre de fonctionnaires... compétents. Formidable, non?
Que je vous explique cette idée de génie, sortie toute armée de la tête bien pleine de l'excellent Renaud Dutreil. Un nombre croissant de jeunes quitte chaque année le milieu scolaire les mains (et souvent la tête) vides, sans la moindre qualification ni le moindre diplôme, conséquence du sabordage de l'enseignement par les joyeux drilles du SNES et de la FCPE, mais aussi parfois de la paresse naturelle des élèves. De nombreux intellectuels et pédagogues ont proposé des solutions à ce gâchis de matière grise, mais ce serait faire injure à ce gouvernement que de croire qu'il s'abaisse à agir en amont des problèmes qui se posent à lui. Nous sommes en France, un pays où au lieu de soigner la gangrène, on pose des pansements sur les jambes de bois. Le "Pacte Juniors", dernier en date de ces antiseptiques qui laissent sceptique, permettra donc à ces jeunes en mal de formation d'intégrer sans concours la fonction publique, pour y occuper des postes hautement gratifiants tels que, je cite M. Dutreil, " ouvrier professionnel, agent technique, agent administratif, auxiliaire de vie sociale, aide-soignant". L'Etat, dans sa grande mansuétude, prodiguera aux brebis égarées une formation qui leur permettra, à termes, d'accéder au Valhalla statutaire, avec sa sécurité de l'emploi, ses primes sans condition de rendement, ses congés bien payés, son fonds de pension... La belle vie, quoi. Hé, de quel droit irait-on laisser des Français "à la porte de la fonction publique", condamnés à l'"emploi précaire" ou aux "contrats à durée déterminée"? Il y va "du lien républicain", ma petite dame, sans oublier que "40% des effectifs [seront] à renouveller d'ici à 2010". Et comme tous les diplômés et esprits quelque peu aventureux quittent le pays à toute vitesse, il faut bien prendre les aspirants-fonctionnaires là où ils se trouvent.
Un reportage laudateur, forcément laudateur, du Journal de France 2 nous permettait ce midi de nous faire une idée des futurs bénéficiaires de cette nouvelle initiative géniale de ce gouvernement que le monde entier nous envie. Des jeunes pas forcément défavorisés, si ce n'est en matière grise, dont on se gardait bien de nous expliquer - et de leur demander - les raisons de leur "échec scolaire". L'une des impétrantes disait à la caméra sa joie de ne pas avoir à passer un concours qui excédait ses facultés car, nous avouait-elle même pas penaude, le Français et les maths, ce n'est pas son fort. Etant donné les critères assez souples de l'Administration dans le premier domaine - il suffit de lire attentivement le courrier reçu du Trésor public ou des Allocations Familiales pour en être convaincu - on ne peut qu'imaginer avec effarement les lacunes de la demoiselle... Un responsable d'association prenait ensuite le micro pour dire que le Pacte Juniors, c'est formidable pour tous ceux qui n'ont pas de qualification, fini les emplois précaires, la Fonction Publique c'est le pied... etc.
A noter que les seniors pourront bénéficier d'un contrat similaire, qui leur permettra de passer les dernières années de leur vie active dans le confort ouaté du fonctionnariat. Si ce n'est pas de l'égalité ça, je ne m'y connais pas. Merci qui? Merci Dutreil!
Dans tout autre pays tant soit peu civilisé, un ministre qui proposerait une mesure semblable au Pacte Juniors se verrait montrer la porte ou la direction de l'hôpital psychiatrique le plus proche. Mais voilà, nous sommes en France, un pays où les enfants apprennent dès la plus tendre enfance que le travail c'est un droit, et que la vocation sacrée de l'Etat est de veiller à ce que chacun puisse bénéficier de ce droit comme de tous les autres, même ceux qui n'ont pas encore été inventés. Business as usual, donc.
Reste qu'il y a de quoi s'inquiéter, quand on voit le degré de délabrement actuel de notre administration, à l'idée de ce qu'elle deviendra aux mains d'analphabètes et de pré-retraités sans autre ambition que de meubler agréablement les quelques années les séparant de la quille. Il faudra, sans doute, nouer d'ici là un autre pacte. Les malades mentaux et les repris de justice sont injustement exclus de la Fonction Publique... Allo, M. Dutreil? 
7/08/2004
  Bonne nouvelle...

Farenheit 9/11, le génial film du non moins génial Michael Moore, est deuxième du box-office américain, juste derrière la grosse machine impérialiste Spider-Man 2. Ses recettes cumulées à ce jour s'élèvent à plus de soixante millions de dollars; on peut donc parler de succès. Voilà qui me ravit, et je regrette que vous ne puissiez me voir sabler le champagne. Rarement homme aura été plus heureux que moi en cette occasion.
Je vois mes fidèles lecteurs grimacer, se gratter la tête d'une main aussi perplexe que Jacques Chirac en face d'une installation d'Arman. Mon absence prolongée de la blogosphère aurait-elle eu pour cause un séjour en hôpital psychiatrique, séjour hélas interrompu avant complète guérison? Se pourrait-il que la propagande et les menaces diverses aient eu raison de moi? Comment celui qui, dans un post précédent se lamentait de ce qu'un jury sous influence ait décerné à Fat Mike la Palme d'Or, peut-il maintenant se réjouir de ce que son film rencontre le succès? Certainement, quelque chose ne tourne pas rond...
Eh bien, je vous rassure tout de suite. Je n'ai pas changé, comme le chantait si bien (?) Julio Iglesias. Je professe toujours le même mépris pour le révolutionnaire en tuxedo de Flint, Michigan; la même stupeur écoeurée devant la vénération dont il fait l'objet; et la même indifférence à la foule déchaînée qui (du moins veux-je le croire) braille des insanités chaque fois que je poste. Si je me réjouis de ce que Fahrenheit soit un triomphe, même relatif, c'est parce que les délires antiaméricains qui sous-tendent le culte moorien en prennent un rude coup.
En effet:
- Le film de Moore, et cela malgré l'agitation du spectre de la censure par l'auteur et ses copains, est finalement sorti en salle, sur plus de huit-cents écrans. La "cabale" orchestrée à en croire Fat Mike par Disney puis la MPAA, sous l'égide évidente de la Maison-Blanche, n'a de toute évidence pas fonctionné.
- Les Américains, ou du moins un nombre conséquent d'Américains, sont allés voir le film qui s'est hissé en tête du box-office lors de sa première semaine d'exploitation. De la part d'un peuple que les moorophiles aiment à nous présenter comme patriotard, étroit d'esprit et incapable d'apprécier un film plus complexe que Blanche-Neige et les Sept Nains, la chose ne manque pas de saveur.
- Ce succès, ajouté à celui de ses livres et à sa forte présence médiatique, devrait sonner le glas de l'image de Michael Moore comme outsider, auteur/réalisateur maudit inconnu ou du moins négligé dans son propre pays.
Franchement, je ne vois là que matière à se réjouir, même si ce n'est pas forcément le but que Fat Mike s'était assigné. Quant à savoir si ledit but (faire tomber Bush) sera atteint, nous ne le saurons pas avant novembre, et encore, j'ai la faiblesse de croire que d'autres facteurs entreront en compte que l'opus maxima de El Moorche. En attendant, je ne saurais trop vous conseiller de lire et faire lire l'analyse du film par l'indispensable Spinsanity, le Acrimed du riche. 
Raleur, reac et ronchon, d'une mauvaise foi incroyable, Taranne deverse ici sa bile sur le monde moderne. Collectivistes, philoneistes, adeptes de la solidarité obligatoire, de la culture festive et de la subversion conformiste, passez votre chemin. Quant aux autres, asseyez-vous, prenez vos aises. This blog is your home.

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