Rue Taranne
1/20/2004
  The Parisian Candidate

Il est encore trop tôt pour se réjouir, mais l'on peut tout de même s'autoriser un léger ricanement à la vue de la déculottée que s'est prise dans l'Iowa le sieur Howard Dean, candidat officiel de la médiacratie française aux prochaines élections présidentielles américaines.
Nos journalistes ne ménagent en effet pas leur peine, depuis un peu plus de six mois, pour nous présenter M. Dean comme le dernier espoir de la démocratie américaine menacée par le néofascisme bushien, les autres candidats démocrates (à commençer par les plus sérieux politiquement, Wesley Clarke et John Kerry) étant balayés d'un revers négligent de la main. En bref, les médias français et, plus largement européens, nous refont le même coup qu'il y a quatre ans, embrassant toute honte bue la cause du candidat le plus proche d'eux, donc le moins américain. Et Dean, il faut bien le reconnaïtre, a tout pour plaire au pundit français moyen:
- Il n'aime pas Bush;
- Il était contre la guerre en Irak;
- Il méprise Bush;
- Il se présente comme "laïc" (même s'il a quelque peu changé son fusil d'épaule, récemment)
- Il déteste Bush;
- Il n'est pas Républicain;
- Il hait Bush;
- Il est de gauche au sens européen du terme, partisan d'un Etat-Providence fort et de tout le toutim progressiste en vigueur de ce côté de l'Atlantique;
- Il exècre Bush;
- Il pratique l'attaque ad hominem et la manipulation avec toute l'habileté d'un premier secrétaire de parti communiste;
- Il vomit Bush, l'abhorre, l'abomine, le conchie, le voue aux gémonies, etc.
Rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce qu'il ait la faveur de l'establishment français, tout comme Al Gore lors de l'élection précédente. Il y a toutefois un hic, et un hic de taille: Gore a perdu.
On peut se demander comment réagiraient les français si d'aventure les médias américains se mêlaient de leur vie politique en prenant ouvertement parti pour l'un des candidats à l'Elysée, tout en accumulant les noms d'oiseaux sur la tête du sortant. Probablement n'apprécieraient-ils pas beaucoup. Mais chacun sait que quand les Français critiquent leurs "amis d'Outre-Atlantique" et se mêlent de ce qui ne les regarde pas, c'est uniquement parce que les Français sont plus intelligents et savent ce qui est bon pour les malheureux yankees. A l'inverse, quand les Américains bavent sur la France, ce ne peut être que par bêtise, ignorance crasse et haine primaire.
P.S.: Un livre à lire de toute urgence pour mieux comprendre le tempérament français. Bien sûr, il a été écrit voici plus d'un demi-siècle, mais il demeure d'une actualité brûlante, tant il est vrai qu'en France, plus ça change...
 
1/16/2004
  Quand on voit ce qu'on voit,
On a raison de penser ce qu'on pense...


J'ai beau savoir à quel point l'information sous nos latitudes est biaisée, entre connivence médiatico-gouvernementale et propagande gauchiste, il m'arrive encore parfois de rester pantois devant les méthodes de nos (soit-disant) journalistes. Chaque fois qu'ils semblent avoir atteint le maximum de leurs possibilités, ils parviennent à se surpasser et à vaincre de nouveaux sommets dans l'art de la désinformation.
Malgré les louables efforts de TF1, et Arte étant hors-concours, la palme revient sans le moindre doute au Sévice Public, et en particulier à France 2 dont la couverture implacablement objective de la crise irakienne, du conflit israélo-palestinien, du Forum Social Européen ou de "l'Amérique de George Bush" n'est plus à vanter. De par son actualité chargée idéologiquement, 2003 fut incontestablement un grand cru pour la deuxième chaîne, mais 2004 semble également prometteuse. A preuve, c'est à pas moins de deux manipulations, et de grande classe, que le brave téléspectateurs que je suis a pu assister en l'espace de seulement une demi-journée.
Huit heures du matin, flash d'informations. Je suis en train de finir mon petit-déjeûner lorsque le présentateur annonce un reportage sur le Forum Social Mondial, qui doit s'ouvrir aujourd'hui en Inde. Apparaissent alors sur mon écran les visages fatigués d'ouvriers hindous suant sang et eau sur leurs machines, dans un de ces ateliers qui font ressembler la chaîne de montage des Temps Modernes à un village du Club Med. Le commentaire nous informe que ces malheureux travaillent plus de douze heures par jour, avec à la clé un salaire plus ou moins (mais plutôt moins) équivalent à dix euros. Une pause, puis le journaliste ajoute gravement: "Ils vivent au rythme de la mondialisation libérale". S'ensuit un panégyrique à peine voilé du mouvement altermondialiste et de ses membres, José Bové en tête, qui tels les Transformers, se battent pour un monde meilleur. Je ne sais pas s'il existe un comité Attac à la rédaction de France 2, mais je ne serais pas autrement surpris de l'apprendre.
Le deuxième coup d'éclat se produit au journal de treize heures. De l'Inde, nous passons cette fois à la Chine, et plus particulièrement à son système scolaire. La télévision française, en particulier la télévision d'état, ne s'intéressant jamais aux sociétés des autres pays que pour pointer les défauts qui les empêchent d'atteindre la perfection qui est la nôtre, on ne s'étonnera pas que le ton ne soit pas franchement aux louanges. Incapable de pourvoir seul à l'éducation de ses futurs esclaves... euh, je veux dire de ses plus jeunes citoyens, le gouvernement chinois est obligé - horreur! - de faire une place de plus en plus grande à l'enseignement privé. Or, ce dernier étant de beaucoup supérieur à son homologue public (ça ne vous rappelle rien?) est également et logiquement plus cher, d'où - Horresco referens! - inégalités des chances. Ulcéré par tant d'injustice, le commentateur conclut par une sévère remontrance au gouvernement de Pékin, qui abandonne à leur sort les enfants les plus pauvres, au bénéfice de ceux qui ont les moyens. Le mot "ultralibéralisme" n'est pas prononcé - les gens de France 2 ont tout de même encore une conscience minimale du ridicule - mais notre imprécateur l'a de toute évidence au bout de la langue. Il n'en reste pas moins comique (ou tragique?) de voir un journaliste se montrer plus communiste que le roi et donner des leçons de justice sociale à un régîme marxiste.
On comprendra, je pense, que j'aie préféré ne pas regarder le journal de vingt heures. Si j'ai raté quelque chose, faites-le moi savoir; j'en parlerais dans un prochain post. 
1/12/2004
  Cette sacrée laïcité

Quand un libéral aussi insoupçonnable que Jean-François Revel applaudit des deux mains une loi liberticide, quelque chose est à l'oeuvre qui mérite vraiment que l'on s'y intéresse.
Comme vous le savez sans doute à moins d'avoir passé les derniers mois sur la même planète que Patrice Higonnet, une loi interdisant le port du voile islamique, ou hijab en classe entrera bientôt en application. Une fois encore, l'étendard de la "laïcité" est brandi, à la plus grande confusion du reste du monde ainsi que de nombreux français, dont l'auteur de ces lignes.
De l'archaïsme du voile, et de son instrumentalisation par les fondamentalistes, je ne disconviens pas. Tout comme je ne nie pas non plus que l'Islam aie des problèmes à entrer dans la modernité, en particulier la version occidentale de celle-ci. Mais ce sont là des choses que l'on sait de longue date. L'affaire du voile nous éclaire en revanche sur cette bien curieuse chose qu'est la laïcité, son fonctionnement et l'idéologie qu'elle traduit.
A l'origine se trouve un principe hautement libéral, qui est la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et suppose la neutralité des institutions en matière religieuse. Bien qu'il se trouve toujours des intégristes (croyants ou non) pour le rejeter, ce système garantit non seulement l'autonomie du champ politique par rapport au religieux mais, de façon encore plus importante, l'autonomie du religieux par rapport au politique. N'en déplaise à tous nos combistes patentés qui vont partout proclamant que la laïcité n'existe qu'en France, pratiquement tous les pays civilisés vivent sous un régîme séculier, à commençer - eh oui - par les Etats-Unis, où le principe de séparation est inscrit dans la Constitution.
Bien qu'elle procède du principe ci-dessus exposé, la laïcité ne relève pas des mêmes intentions. Pensée et mise à exécution par des anticléricaux, elle vise non pas seulement à séparer l'Eglise et l'Etat, mais à substituer celui-ci à celle-là comme guide moral de la Nation. Laïciser les institutions est un premier pas vers le but véritable, qui est de laïciser les individus, pour en faire des citoyens tout entiers dévoués à la Res Publica. La manoeuvre a réussi au delà de toute espérance, notre pays étant sans conteste celui d'Europe ou le sentiment religieux est le plus faible: tout aurait été pour le mieux si les vagues d'immigration successives n'avaient amené sur nos terres laïques de Musulmans qui, eux, l'étaient très peu. Le clash était inévitable entre une société française largement déchristianisée, et des gens qui entendaient vivre leur foi, avec tous les codes et rituels idoines, et refusaient de se soumettre à la laïcisation. La querelle atteignit son point culminant avec l'affaire du voile, et sa récupération par les fondamentalistes, mais personne n'était dupe du fond de l'affaire: le problème ce n'était pas le voile, ni les fondamentalistes, ni même l'Islam.
Le problème, c'était la religion.
En dépit de toutes les déclarations de tolérance qu'elle multiplie et par lesquelles elle justifie la laïcité, notre république a conservé une méfiance toute voltairienne à l'égard du "fait religieux". Les intellectuels ne sont pas en reste, et il faut vraiment se lever de bonne heure pour en trouver un qui accorde quelque mérite éventuel au christianisme ou au judaïsme. Quant aux humoristes, ils cassent du curé à longueur de sketches. Toute personne fréquentant l'église, ou la synagogue, ou la mosquée, en dehors des grandes occasions est illico taxée de bigote, quand ce n'est pas d'intégriste. Oh, il est possible - à la rigueur - d'être croyant, mais à condition que cela ne se voit pas trop, d'où la notion de "signe ostentatoire" chère à la commission Stasi. Le caractère antireligieux de la laïcité, qui n'est d'ailleurs qu'un énième avatar de l'antilibéralisme foncier de la République, lui fait ainsi vouer aux mêmes gémonies le simple croyant qui entend pratiquer sa religion et le fondamentaliste qui, lui, veut l'imposer. Au total, pourtant, c'est bien ce dernier qui en sortira renforcé et aura tout loisir d'attirer les modérés dans ses filets en leur montrant le mépris dans lequel le régîme les tient. Est-ce vraiment cela que nos dirigeants souhaitent? A moins qu'ils ne cherchent, de nouveau, une bonne occasion de se faire mousser en terrassant un infâme qu'ils auront eux-mêmes fabriqués...  
  Pas de demi-mesures!

A l'heure où la République Française s'emploie à "libérer" des jeunes filles qui ne lui ont rien demandé, nous demandons solennellement que cette mesure émancipatrice s'applique également à une jeune femme qui, depuis plus de deux siècles, se voit imposer par les mêmes autorités républicaines le port d'une coiffe avilissante, survivance d'un passé depuis longtemps révolu:

.


Nous ne devons plus tolérer, en ce début de troisième millénaire, que la Femme entre les Femmes, celle qui nous représente tous, souffre une telle atteinte dans sa féminité! Libérons Marianne! Que sa chevelure puisse enfin s'écouler de nouveau sur ses nobles épaules, sans l'entrave d'un morceau de tissu archaïque!

Le Collectif "Dévoilons Marianne"

 
1/09/2004
  Le Cauchemar a déjà commencé

Son programme est indigent. Il ne recule pas devant les mensonges les plus grossiers. Il a reçu des soutiens pour le moins suspects. Et son expérience politique se limite à la gouvernance d'un état secondaire. Pourtant, il pourrait bien remporter la victoire lors des prochaines élections présidentielles. Ne devons-nous pas trembler à l'idée qu'individu aussi visiblement limité détienne les clés de la Maison-Blanche?  
1/02/2004
  Dernières nouvelles de la Bêtise

Comme je le disais hier, l'année 2003 aura été marquée par un déchaînement de haine malheureusement pas sans précédent contre la politique mais aussi, et surtout, la personne du président des Etats-Unis, présenté simultanément - et contradictoirement - comme un débile mental et un manipulateur machiavélique, un isolationniste et un impérialiste, un raciste et un sioniste, un néo-Torquemada en mal d'Inquisition et un émule du Moustachu à Mèche, j'en passe et des pires. Ainsi qu'il fallait s'y attendre, l'hostilité à Bush ne tarda guère à rejaillir sur le pays qui l'avait porté au pouvoir, et l'on vit ainsi flétrir à longueur de colonnes et d'émissions une supposée "Amérique de George Bush" dont le racisme (bien sûr), l'intolérance (on s'en serait douté) et le fanatisme religieux (évidemment) sont parmi les caractéristiques les plus charmantes. En bref, et pour reprendre le titre d'un livre d'Edward Behr - qui faisait en fait allusion à la Bobo-Nation politiquement correcte de Clinton - Une Amérique qui fait peur. Le matraquage ne fut pas long à porter ses fruits, bien aidé il est vrai par certaines initiatives pas franchement heureuses de l'intéressé.
Il restait néanmoins quelques héroïques gaulois à refuser, ou du moins mettre en doute, l'idée que l'avènement du Fourth Reich était imminent. C'est à leur usage que M. Patrice Higonnet vient de publier dans Libération un article qui met définitivement les pendules à l'heure. La Bête Immonde siège à la Maison Blanche, braves gens. Une vaste conspiration réunissant les fondamentalistes (beurk), les nationalistes (double beurk), les néoconservateurs (triple beurk) et les ultralibéraux de tous poils (beurk, beurk, beurk et re-beurk) s'emploie à précipiter l'Amérique "tocquevillienne" héritée du New Deal dans les abîmes de l'obscurantisme le plus abject. M. Higonnet le dit d'ailleurs fort bien: entre George W. Bush et les wahaabites, il n'y a guère que d'infimes nuances. On vous l'avait bien dit que ce type était dangereux, mais vous ne vouliez pas le croire.
Un modeste bloggeur tel que votre serviteur ne saurait bien entendu rivaliser de lucidité et de perspicacité avec un analyste aussi brillant que M. Higonnet, et le mieux est encore de lire son article, dans le recueillement admiratif qui s'impose. Toutefois, j'ai cru bon d'en relever certains passages qui me semblaient particulièrement importants, et de les assortir de mes petits commentaires. J'ose espérer qu'il ne me tiendra pas rigueur de mon outrecuidance.

Comment en est-on arrivé là ? Pour les uns, il faudrait remonter à l'anticommunisme des années 40 et 50 qui fut, pour des millions d'Américains ­ les catholiques surtout ­, la victoire enthousiasmante non pas du capitalisme sur le socialisme, ou de la liberté sur la dictature, mais de la religion sur l'irreligion.

Allez hop, profitons-en pour attaquer les catholiques, c'est toujours bon à prendre et on sait bien que ce sont tous des intégristes plus ou moins avoués. Stigmatisons aussi un peu l'anticommunisme, cette passion malsaine. En dépit des apparences, Libé n'a pas évolué tant que ça pendant les trente dernières années.

On peut aussi évoquer un rejet généralisé de la libéralisation des moeurs, de la tolérance de l'homosexualité, du féminisme, c'est-à-dire de toutes les manifestations culturelles du postmodernisme, haines diverses dont le dénominateur commun serait le mépris, et parfois même la haine, du gouvernement fédéral et de tout type d'ingérence économique ou culturelle issue de Washington.

Remarquez avec quelle adresse le rejet de l'intrusion étatique (assimilée à de la haine) est associée à celui de la différence et du progrès social. Façon de dire, mais à mots couverts, que tous les libéraux et les individualistes sont des Timothy McVeigh en puissance doublés d'adeptes de Pat Robertson, n'attendant que le moment propice de déposer une bombe dans une crèche et de bastonner quelques homos.

On en saurait davantage, sans doute, si les historiens américains n'avaient pas négligé l'étude de cette religiosité généralement méprisée.

Eh oui, ils ne font vraiment rien de bien, ces yankees! Heureusement, les grands bwanas frenchies sont là pour apporter les lumières de la civilisation et de la raison critique à ces sauvages.

Quoi qu'il en soit, cet esprit, dur, puritain, intransigeant et nationaliste, est devenu la toile de fond de la politique de George Bush, comme la grande pensée de son frère Jeb, actuellement gouverneur de Floride. Le Texas, la Floride : on en revient toujours à cela. Car ce sont les vingt-deux Etats de l'ancienne Confédération sudiste qui semblent gouverner actuellement l'Amérique. De la guerre de Sécession jusqu'à l'effondrement du New Deal, la hargne raciste et le fondamentalisme des anciens Sudistes furent contenus par l'alliance bizarre qui, au sein du parti démocrate, liait les immigrants du Nord-Est et les petits Blancs du Sud. Mais les temps ont changé. En 1955, les républicains l'avaient emporté dans 10 des 120 circonscriptions du Sud. Dès 1995, ils en contrôlaient la grande majorité. Les circonscriptions du Sud et de l'Ouest sont désormais largement majoritaires dans ce parti, alors qu'elles ne représentaient que le quart du total au Congrès il y a un demi-siècle.

Bon sang, mais c'est bien sûr. Avec Bush, c'est le Ku Klux Klan qui s'installe à la Maison Blanche, et le rétablissement de l'esclavage est pour bientôt. Si son administration compte des Juifs et des Noirs à des postes-clés, c'est uniquement pour donner le change. Pas bête, le George. Il fallait y penser.


Il existe donc en Amérique une «radicalisation fondamentaliste», qui se double d'une «régionalisation» du jeu politique, ce qui creuse le fossé culturel entre les deux Amériques, la religieuse et la laïque.

Le "fossé culturel", si fossé il y a, existerait plutôt entre une Amérique ouverte aux différentes confessions, et qui leur laisse la parole, et une France où le culte de Marianne est le seul autorisé. Pour mémoire, ni l'horrible raciste/intégriste qu'est M. Bush, ni aucun de ses prédécesseurs, n'ont jamais songé à interdire le port du voile en classe aux écolières musulmanes. Alors, qui c'est qui refuse la différence, hein?

A ce niveau, le contraste entre les Etats-Unis et l'Europe est assez saisissant. Alors qu'en France la Révolution est finie et que les combats idéologiques d'antan entre frères ennemis catholiques et communistes ne sont plus que de vagues souvenirs, l'Amérique, malade, est sur une trajectoire historique inverse, où les enjeux idéologiques et religieux sont de plus en plus prononcés.

On constate en effet tous les jours à quel point le paysage politique français est pacifié, clivages et conflits appartenant à un passé révolu. Par ailleurs, le Pape lui-même a reconnu la parenté étroite entre catholiques et communistes, et a même pris sa carte de Rifondazione Communista. Il faut vraiment être un idiot de Ricain pour penser que religion et marxisme puissent être antagonistes.

Bizarrement, dans une société ou 20 % de la population n'a pas d'assurance maladie

J'avoue mon admiration devant l'aisance avec laquelle M. Higonnet enfile les clichés. Rien d'étonnant à ce que Libé, fin connaisseur en la matière, lui ait ouvert ses colonnes.

les grands enjeux du jour sont la tolérance pour l'homosexualité, le féminisme, et la sécularisation de la vie publique, uniquement des débats remis au goût du jour par les fondamentalistes. Car, au fond, ce qui distingue le programme de George Bush de celui des imams wahhabites serait non pas le rejet des Lumières ­ tous sont d'accord sur ce point. Il réside surtout en ce que les uns, les wahhabites, envisagent leur fondamentalisme primitif dans le contexte d'une indigence matérielle totale, et les autres, le clan Bush, dans celui de l'ostentation des richesses.

Il semblerait que notre ami débarque tout juste d'une lointaine planète après une absence de plusieurs années, ce qui explique qu'il ne soit pas informé de certains faits récents. Par exemple, que les lois anti-homo qui subsistaient dans certains états du Sud ont été récemment abrogées par la Cour Suprême. Ou que des séries particulièrement explicites telles que Sex and The City ou Oz battent des records d'audience jusque et y compris dans les coins les plus reculés du pays, et ce sans subir la moindre censure. Et que les sujets auxquels il fait référence, et qui sont en effet loin d'être prioritaires, font débat dans quantité d'autres pays occidentaux. M. Higonnet n'est visiblement pas au fait des polémiques autour du Pacs, des débats autour de la parité, ou (pour y revenir) des récentes affaires de voile à l'école. Une chose est sûre, en tout cas: même les lois les plus rétrogrades en vigueur dans les Etats les plus conservateurs ne prévoient pas la lapidation pour les femmes adultères, ou le démembrement pour les homosexuels, ni l'amputation d'une main pour les voleurs, ce qui fait, me semble-t'il, une grande différence avec les wahaabites.

Ainsi que je l'ai dit plus haut, l'intégralité de l'article de M. Higonnet est à lire - et à méditer. Toutefois, c'est bien au début que nous trouvons le passage le plus inspiré, le plus émouvant, le plus chargé de sens:

Nous la découvrons (L'Amérique) aujourd'hui schizophrène, libertaire sans doute encore à New York, Boston, Seattle et San Francisco, l'Amérique des scientifiques et des lettrés, des théâtres, des musées, des happenings, des grandes universités, des mécènes et des philanthropes : en un mot, c'est l'Amérique du New Deal mâtinée de postmodernisme.

En clair et sans décodeur, la bonne Amérique, c'est celle des liberals et des bobos dans leurs quartiers chics, tandis que la mauvaise c'est celle des ploucs de droite dans leur campagne pourrie. Et on viendra nous dire, après ça, que la gauche aime le peuple...
Quoiqu'il en soit, je tiens à remercier M. Higonnet de nous ouvrir les yeux sur une sombre réalité dont le proaméricain que j'ai la faiblesse d'être n'avait pas su prendre l'exacte mesure. Je réalise maintenant à quel point je suis chanceux de vivre en France, ce merveilleux pays où toute velléité d'exercer sa religion sans contrôle est aussitôt réprimée, où l'on a le choix entre la gauche et la gauche, et où l'on débat entre gens qui partagent les mêmes opinions. Oui, merci. Milles fois merci.
Addenda: Cela se confirme: Bush n'est qu'un sale raciste, tellement vicieux qu'il ouvre en grand les portes de son pays afin d'avoir encore plus d'étrangers à détester. Voilà qui confirme définitivement l'analyse de M. Higonnet, et nous invite à ne pas baisser notre garde.  
1/01/2004
  Globalement négatif

Une année se termine, une autre se profile: l'heure est venue de dresser le bilan. Il n'est pas fameux, et cela explique sans doute pourquoi le souvenir de 2003 ne me fera pas monter la larme à l'oeil dans mes vieux jours. Le libéralisme, la liberté et autres valeurs dans lesquelles j'ai la faiblesse de croire, sont passées par des moments plus forts.
Ne revenons pas sur la crise irakienne, qui a fait voler en éclats une amitié bicentenaire, la cohésion du camp occidental, et a marqué le retour sur le théâtre politique d'un vieil acteur que l'on croyait définitivement à la retraite après la guerre froide: l'anti-américanisme. De la simple opposition à la politique de George W. Bush, on est vite passé à l'attaque ad hominem - des Amuse-Bush à  cette providence de la calomnie gauchiste, la reductio ad hitlerum - puis à la haine du yankee tout court. Franchement, Saddam Hussein en valait-il la peine?
Je n'ai pas non plus le coeur de revenir sur les mésaventures de l'Islam en France, coincé entre un fanatisme voilé et un autre, point préférable, arborant le bonnet phrygien. La loi à venir sur la laicité, qui nous ramène chronologiquement et idéologiquement à la sombre période qui inaugura l'"exception française" en matière religieuse, est un nouveau clou dans le cercueil des libertés civiles dans ce pays - ainsi qu'un magnifique cadeau à tous les Tariq Ramadan.
La France, en 2003, a également renoué avec l'un de ses passe-temps favoris: la chasse aux sorcières. Daniel Lindenberg, avec son Rappel à l'Ordre avait montré la voie, et le MRAP et quelques autres vigilants n'ont plus eu qu'à  s'y engouffrer au nom de la lutte contre l'"islamophobie", saisissant la belle opportunité de revêtir authentiques racistes et intellectuels respectables (mais "rétifs") d'une même tunique d'infâmie. Sacrifier la liberté d'opinion au nom de la liberté de conscience, il fallait y penser. Et encore un autre clou...
Marianne nous aura montré un autre visage, guère plus réjouissant, avec les divers "mouvements sociaux" suscité par une réforme, au reste fort timide, d'un régîme des retraites qui en avait bien besoin. Cet énième carnaval de la fonction publique, aura eu le mérite de révéler à ceux qui l'ignoraient encore (ou refusaient d'ouvrir les yeux) la profonde pénétration gauchiste de la mentalité syndicale en ce pays. Les autodafés, les assauts contre des permanences de l'UMP ou le siège du MEDEF, l'annulation à la force du poing de la plupart des festivals, ne devaient plus rien à un syndicalisme réformiste, cette arlésienne du paysage social français, mais tout à une pensée et une méthode révolutionnaires, nourrie par la république comme une vipère en son sein. Le bon peuple a ainsi pu découvrir que ses impôts finançaient une caste teigneuse d'instits mal rasés et d'intermittents miteux acharnés à détruire un systême qui les entretient, mais prenant fort mal toute velleité de sa part de réduire leur train de vie.
Je pourrais également parler de la canicule, épisode tragi-comique dont on aurait pu tirer de fort utiles leçons quant à notre systême hospitalier ou l'égoîsme foncier d'une société qui se gargarise pourtant de solidarité. Mais voilà, nous sommes en France, et l'on préféra s'interroger sur la responsabilité du gouvernement dans la chaleur et ses tragiques conséquences. Au pays du Léviathan-nounou, même la météo est une affaire politique.
Et je pourrais continuer des heures ce journal déprimant d'une année heureusement défunte, de la Côte d'Ivoire et des exploits de Mugabe au Forum Social Européen et la Larzac-Pride. Katharine Hepburn et Gregory Peck nous ont quittés, alors que Johnny Hallyday, lui, dont la ferveur médiatique célébrait les soixante ans, ne nous a pratiquement pas quittés, volant d'un plateau à l'autre sous la surveillance étroite de son épouse-imprésario-marionettiste...
Non, pour le bien de tous, il valait mieux que cette année se termine. Malheureusement, la plupart des problêmes qu'elle nous a posés ou révélés ne disparaîtront pas avec elle. Que 2004 nous apporte un début de solution, et elle aura bien mérité notre reconnaissance.  
  New Year's Day

L'auteur de ce blog, qui n'a pas souvent l'occasion de dire des choses gentilles, saisit celle que le calendrier lui offre et souhaite une bonne et heureuse année à tous ses lecteurs - de plus en plus nombreux si je me fie à mes sources. Merci à vous et encore une fois, tous mes voeux pour l'année 2004. 
Raleur, reac et ronchon, d'une mauvaise foi incroyable, Taranne deverse ici sa bile sur le monde moderne. Collectivistes, philoneistes, adeptes de la solidarité obligatoire, de la culture festive et de la subversion conformiste, passez votre chemin. Quant aux autres, asseyez-vous, prenez vos aises. This blog is your home.

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