Rue Taranne
2/24/2004
  Message de l'ANPE à toutes les raclures de bidet

Vous aimez, ou aimeriez, vous affranchir de la morale bourgeoise et tuer, voler ou poser des bombes en toute liberté? Malheureusement, la crainte des sanctions judiciaires vous empêche de réaliser votre potentiel, ne laissant que le rêve comme champ d'action au surhomme nietzschéen qui sommeille en vous? Faites comme Cesare Battisti, devenez brigadiste.
- Etre brigadiste, c'est pouvoir mettre ses mauvais instincts au service d'une "noble" cause.
- Etre brigadiste, c'est l'assurance de pouvoir échapper à la justice de votre pays en bénéficiant du pardon et de l'accueil enthousiaste de chefs d'état étrangers.
- Etre brigadiste, c'est la promesse d'une retraite réussie, avec possibilité de reconversion - dans l'écriture de polars, par exemple.
- Etre brigadiste, c'est pouvoir compter en cas de pépin sur le soutien inconditionnel d'écrivains à succès, d'intellectuels prestigieux et de nombreux dirigeants de partis politiques.
N'hésitez plus! Donnez un (non-)sens à votre (pauvre) vie! Devenez brigadiste!
(Ou, à défaut, devenez humoriste, ce n'est pas mal non plus.) 
2/22/2004
  Je t'aime, moi non plus...

Quatre ans après que sa candidature farfelue ait coûté la Maison Blanche à Al Gore, et point découragé par les tonneaux d'insultes que lui valurent ce haut-fait d'armes, l'exquis Ralph Nader remet ça, histoire de boucler la boucle et de faire perdre John Kerry. On s'étonne de ce que les complotistes de service ne se soient pas encore interrogés sur cet étrange soutien objectif à Bush de l'un des ténors de l'extrême-gauche américaine. Quelqu'un a l'adresse e-mail de Thierry Meyssan? 
2/21/2004
  Devinette...

Question. Quelle est la différence entre un cultureux intervenant lors de la cérémonie des Césars pour réclamer plus de subventions, et un sans-domicile-fixe qui fait la manche dans le métro?

Réponse Le sans-domicile-fixe a entendu parler des Césars, alors que le cultureux n'a jamais entendu parler du métro.

... Et puis le SDF a un public, lui. 
  Ave Cesar, ceux qui vont vomir te saluent...

Fidèle à une longue tradition de qualité, la vingt-neuvième édition des Oscars du pauvre n'a pas déçu les amateurs de revendications catégorielles, de discours bredouillants et interminables et de clanisme éhonté. Les téléspectateurs assez fous ou distraits pour préférer ce soporifique spectacle au "Plus Grand Cabaret du Monde" où aux "30 Tubes de légende des années 70" en ont eu pour leur argent. On espère simplement qu'ils avaient prévu un sac en papier, accessoire indispensable à tout visionnage de cérémonie des Césars en règle.
La boum commença sur les chapeaux de roues, avec une violente harangue de la Mégère-en-chef du cinéma français, Ma-da-me Agnès Jaoui à l'adresse du malheureux Ministre de la Culture, accusé ni plus ni moins que d'"anéantir l'exception culturelle" en s'en prenant au sacro-saint régîme de retraites des non moins sacro-saints intermittents du spectacle. On peut d'ailleurs se demander quels inavouables penchants masochistes peuvent bien inciter les ministres de tutelle à endurer chaque année une cérémonie qui, en plus d'être mortellement ennuyeuse, les cloue invariablement au pilori - sauf lorsqu'ils s'appellent Jack, bien entendu.
S'ensuivit l'habituelle succession de prix sans relief décernés à des gagnants courus d'avance par des présentateurs ne présentant pas bien. Le mythe - largement mythique - de l'élégance française en prend un coup à la vision de ces actrices mal fagotées, mal maquillées et dont la démarche aurait fait fureur dans un régiment de hussards napoléonien. Et que dire de l'éloquence digne de Démosthène (avec les cailloux dans la bouche, s'entend) manifestée par les heureux lauréats? Les Césars nous permettent chaque année de redécouvrir le légendaire professionnalisme du Cinéma Français.
Son légendaire népotisme, aussi. On a ainsi pu voir Julie Depardieu, fille de Gérard et soeur de Guillaume, remporter deux trophées, celui du Meilleur Espoir Féminin (à près de trente ans - encore une preuve que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir) et du Meilleur Second Rôle Féminin. Ineffable détachement du commentateur nous informant que la jouvencelle est la troisième de sa famille à remporter un César... On en pleurerait presque, tiens. De rage. 
2/05/2004
  Avis de peste verte à Hollywood

Grâce à cette merveille capitaliste (une de plus) que sont les soldes, j'ai pu m'offrir à moitié prix le DVD de Jurassic Park III, le seul épisode qui me manquait. Comme je regardais le film toutefois, je songeais que les temps avaient décidemment bien changé à Hollywood. L'une des règles d'or du film de monstres était que force restait toujours plus ou moins au maître et possesseur de la nature, c'est-à-dire l'Homme. Ainsi, et pour ne pas quitter l'univers spielbergien, Roy Scheider dégomme le requin à la fin de Jaws - et force est d'avouer que la sale bête ne l'avait pas volé. Trente ans plus tard, néanmoins, le cinéaste a changé son fusil d'épaule. Les tyrannosaures, raptors et autres spinosaures qui dévorent les humains comme ces derniers se goinfrent de knackies s'en sortent peinards. Aucun d'entre eux ne se fera exploser la tronche au bazooka ni ne tombera du haut d'un building. En fait, on nous fait bien comprendre que:
1°) Ils sont chez eux;
2°) Les humains n'ont qu'à ne pas venir les emmerder;
3°) Nous avons le devoir de les laisser en paix, même si eux n'ont pas celui de ne pas nous manger.
En bref, la mentalité écolophile est passée par là.
On comprend mieux à présent pourquoi les adaptations récentes de Tarzan nous montraient un roi de la jungle plus proche du surfer californien que de l'homme-singe. Tuer des animaux, même aussi peu amicaux qu'un lion affamé, c'est pas bien! On peut donc légitimement craindre le pire quant au remake de King Kong sur lequel planche le metteur en scène du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson. En attendant une version revue et corrigée de Jaws qui nous expliquera que les baigneurs ne sont que des vilains polluards, souillant de leur présence hostile la tranquille demeure aquatique du gentil requin...
 
2/03/2004
  Get me out of here

PPDA oblige, le Français moyen aura dû se coltiner quinze minutes d'une interview filandreuse et mollassonne avant que ne se confirment ses plus noirs pressentiments. Fidèle aux principes citoyens de la Ripoublique Française, M. Alain Juppé ne se retire ni ne démissionne, et ses juges comme le Peuple Souverain éventuellement indigné sont priés d'aller se faire habiller chez Tout-Nu. Eh quoi, pensiez-vous par hasard que la France est une démocratie, où les lois s'appliquent à tout le monde, où les hommes politiques ont des comptes à rendre à ceux qui les ont élus? Vous voilà, je l'espère, détrompés.
Le scandale dans l'affaire Juppé n'est pas, paradoxalement, dans les faits qui sont reprochés à l'ancien Premier Ministre. Il faut en effet toute la mauvaise foi d'un chiraquien pour nier que Juppé a trinqué pour son patron de l'époque et d'aujourd'hui, avec toute la servile loyauté du capo de base.
Le scandale, c'est plutôt le soutien, ou du moins la compréhension manifestés par l'ensemble de la classe politique. Les larmes aux yeux, on nous ressort ce grand classique de l'excuse: "il n'y a pas eu enrichissement personnel". On trouve soudain trop dure une loi que l'on a pourtant votée en son temps, et on parle déjà de l'assouplir, voire même - à mots couverts - de la supprimer. D'ailleurs, c'était une autre époque, n'est-ce-pas? Soyons indulgents pour les fautes du passé, afin de mieux oublier celles du présent.
Le scandale, c'est aussi que se moucher dans les attendus d'un verdict, ou ignorer la voix des urnes, soient chez nous des comportements standards qui ne choquent plus personne. Condamnations, revers électoraux, scandales, il n'est rien qui puisse dévisser nos politiques de leurs sièges. Ils y resteront jusqu'à la mort des rats, leurs congénères. A tel point que ce sont les rares à conserver un semblant de dignité qui passent pour des hurluberlus: il suffit de se rappeller les mines éberluées de nos politichiens lorsque Lionel Jospin, tirant de sa défaite la conclusion qui s'impose dans toute démocratie digne de ce nom, se retira de la vie publique...
Mais le plus scandaleux est sans doute que le peuple accorde ses faveurs, et donc son blanc-seing, à ceux qui ont exploité sa confiance. Mérite-t'il encore l'adjectif de "développé", ce pays où des Patrick Balkany et des Jacques Mellick se présentent toute honte bue devant les électeurs et sont triomphalement réelus? La corruption des édiles ne serait-elle finalement qu'un reflet de celle de la plèbe?
Le poisson France pourrit par la tête, mais également par la queue, et le reste n'est guère plus brillant. Il est temps de le jeter à la poubelle, et de bien refermer le couvercle, afin que l'odeur n'attire pas les charognards qui pointent déjà leur nez, qui à l'extrême-gauche, qui à l'extrême-droite.  
2/01/2004
  Adolf for children

La controverse autour des coupures pratiquées par TF1 avant sa diffusion a largement occulté les éléments les plus intéressants du téléfilm américain Hitler: la naissance du Mal diffusé mercredi soir à 21H00. Quoique regrettables et motivées par l'habitude chère aux gens de télévision qui consiste à prendre les spectateurs pour des andouilles incapables de percevoir la différence entre réalité et fiction, lesdites coupes ne nuisaient pas de façon décisive à une oeuvre de toute manière assez faible. On peut même penser que les passages coupés, du moins tels qu'on nous les présente ne faisaient qu'ajouter au manichéisme et au simplisme idéologique de l'entreprise. Je ne regrette pas, pourtant, les deux heures que j'ai passées devant mon poste à regarder un Robert Carlyle aussi crédible en Hitler que Sylvester Stallone en Albert Einstein; elles furent en effet riches d'enseignements, quoique pas forcément ceux que la production avait en tête.
Le plus intéressant est que le film suit fidèlement la vulgate marxiste en ce qui concerne la résistible ascension du Moustachu. Celui-ci nous est en effet présenté comme une marionnette du grand capital, dont l'antisémitisme et l'anticommunisme constituent le seul programme. De l'influence du vieux Karl sur le jeune Adolf, de l'aide apportée par Staline et le Komintern, des affinités idéologiques entre nazisme et communisme, pas un mot: si Adolf a choisi d'appeller son parti National-Socialiste, c'est probablement parce qu'il trouvait que cela faisait mieux sur les cartes de visite que National-Plombier ou National-Echangiste...
La dimension "métaphysique" du nazisme est elle aussi mise à mal: féru d'occultisme, c'est pour des raisons autrement plus profondes que le simple impact publicitaire que Hitler choisit la svastika comme emblème de son parti, inversant l'orientation des branches pour en faire un symbole de mort et de destruction. Les auteurs, il est vrai, sont trop occupés à faire de foireux parallèles avec un certain président des Etats-Unis (initiales: GWB) pour s'attarder à ce genre de nuances.
L'étude de caractère n'est pas plus subtile et si vous comptiez sur ce film pour apprendre pourquoi et comment on devient Hitler, vous en serez pour vos frais. Poser une telle question - et y répondre - revient en effet à admettre deux vérités également dérangeantes:
1°) Hitler était, du moins au départ, un être humain comme les autres;
2°) Tout homme est donc un Hitler en puissance.
Et Dieu sait que l'on n'aime pas les "vérités dérangeantes", chez les zélateurs de la moraline et du politiquement correct! Robert Carlyle nous joue donc Adolf comme le faisait Charlie Chaplin, mais en pas drôle, insistant lourdement sur les aspects les plus névrotiques du personnage. On imagine le soulagement dans les chaumières: alors ce n'était donc que ça, Hitler? Un cinglé, probablement impuissant? Ouf, les gars, on a vraiment eu chaud.
On me dira (à juste titre) que ce n'est après tout qu'un téléfilm, pas une leçon d'histoire; qu'une certaine simplification fait partie des règles du jeu; et que les téléspectateurs sont bien assez grands pour se faire leur opinion. Certes. Mais Hitler: la Naissance du Mal est inquiétant en ce qu'il témoigne d'une tendance lourde à la javellisation de l'histoire à des fins idéologiques et de confort intellectuel, et qui n'est pas à l'oeuvre que dans la fiction. Dans ce domaine plus que tout autre, idéologie et moralisme ne font pas bon ménage avec la vérité.  
Raleur, reac et ronchon, d'une mauvaise foi incroyable, Taranne deverse ici sa bile sur le monde moderne. Collectivistes, philoneistes, adeptes de la solidarité obligatoire, de la culture festive et de la subversion conformiste, passez votre chemin. Quant aux autres, asseyez-vous, prenez vos aises. This blog is your home.

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